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« Dieux & rois », une biographie croisée d’Alexander McQueen et de John Galliano

Le 11 février 2010, c’est une déflagration dans le monde de la mode : le créateur britannique Alexander McQueen, unanimement salué pour son talent, est retrouvé pendu dans le dressing de sa maison londonienne par son gardien. Il avait 40 ans. Le 24 février 2011, nouveau choc : John Galliano est interpellé pour « violences légères et insultes à caractère antisémite » à la suite d’une altercation avec deux clients d’un café parisien. Dans la foulée, il est licencié du poste de directeur artistique de la maison Dior qu’il occupait depuis plus d’une décennie.
Comment ces deux Britanniques, véritables génies créatifs, se sont-ils brûlé les ailes ? C’est ce que décrypte la journaliste Dana Thomas, collaboratrice du New York Times installée à Paris, dans une biographie croisée dont la traduction française sort, ces jours-ci, sous le titre Dieux & rois. Alexander McQueen, John Galliano, grandeur et décadence (Séguier, 672 pages, 24,90 euros).
Plus de quatre ans d’une enquête fouillée pour raconter un pan de l’histoire de la mode contemporaine. Et pas n’importe laquelle : celle où les grands groupes de luxe se structurent et en demandent toujours plus aux créatifs qui font leur fortune. Egalement consultante sur la série documentaire Luxe, la fabrique du rêve (disponible en replay sur France.tv), Dana Thomas sait de quoi elle parle : elle couvre la mode, le luxe et ses excès depuis près de trente ans, et a rencontré, à de nombreuses reprises, les deux protagonistes de son livre.
Galliano, fils d’un plombier, et McQueen, fils d’un chauffeur de taxi, viennent tous les deux de cette Angleterre prolétaire et travailleuse. Ils ont quasiment dix ans d’écart – Galliano est né en 1960, McQueen en 1969 –, mais subissent les mêmes tourments à l’école : ils sont maltraités par leurs camarades de classe à cause de leur homosexualité.
Leur salut viendra par la création. Ils sortent tous les deux diplômés de la prestigieuse école d’art Central Saint Martins, à Londres, et leur succès naît de leur collection de fin d’études. Ces dernières tapent dans l’œil de ceux qui comptent – les acheteurs des grands magasins – et propulsent les jeunes stylistes sur le devant de la scène de la mode britannique, alors en quête d’un nouveau souffle après le succès punk de Vivienne Westwood.
Chacun trouve alors sa muse – l’aristocrate Amanda Harlech pour John Galliano, la rédactrice de mode Isabella Blow pour Alexander McQueen – et construit son identité stylistique. Une réinterprétation grandiloquente de figures historiques pour le premier ; une vision fantasmagorique du futur, portée par un fabuleux travail de la coupe pour le second.
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